#14 Deviendra Grand
Barrières à l'entrée (dans l'éducation), entrepreneur-chercheur et soutenances publiques, certifications
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Cette infolettre est structurée de la manière suivante : UN sujet que j’approfondis. DEUX accomplissements dans les 15 derniers jours. TROIS recommandations.
Barrières à l’entrée
Deux accomplissements :
Soutenance Publique
Certification
Trois recommandations
The State of the Culture, 2024
Les différentes étapes de la disruption dans un secteur, Nicolas Colin
Un bon bouquin de Mike Horn (vous savez l’aventurier)
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1. Barrières à l’entrée
But de cette section : vous écrire, sur un format un peu plus long que ce que je peux faire ailleurs - Linkedin étant un format trop dépendant des algorithmes - une idée que j’ai eue dans le cadre du développement de WeiD. Ma conviction est que ce sont les réflexions - le long du chemin - qui importent pour grandir. L’entrepreneuriat est un chemin ; le chemin plus que le but. Devenons grands ensemble !
WeiD s’adresse à un marché qui semble avoir une caractéristique très forte : les barrières à l’entrée.
J’évoquais la mentalité “pirate” dans une précédente édition, aujourd’hui filons la métaphore de David contre Goliath.
(ndlr : je fais mon mémoire sur cette thématique donc j’y réfléchis pas mal en ce moment)
I. Un marché spécifique
Nous sommes entrés dans une branche – l’éducation – au sens large, à la fois potentiellement
disruptée par la technologie : cours en ligne, MOOC,... mais aussi bientôt l’IA générative.
déclinante : la prépa comme base de lancement, moindre appétence pour les formations sanctionnées par des concours exigeants, offres surabondantes de formations « faciles d’accès » (post-bac...),
donc doublement concurrentielle dans sa dynamique puisqu’en déclin annoncé et dans sa structure : offreurs nombreux et concurrence ardue sur la prépa avec des incumbents très « identifiés » et « installés » en termes d’image et bénéficiant d’une très forte path dependency.
Je dois en ce moment - dans le cadre de la rédaction du mémoire - chercher des exemples dans la littérature scientifique qui illustrent et permettent justement de mieux comprendre les dynamiques inhérentes à notre entrée sur le marché.
II. Quelles barrières ?
Les barrières à l’entrée sont donc initialement très fortes et, immédiatement, nous nous sommes heurtés à des pratiques anticoncurrentielles – mais informelles – en termes de communication auprès des prospects.
Voici un petit florilège de ce qu’arguaient les concurrents lors de notre lancement :
On ne choisit pas une prépa aussi « jeune »,
Pour l’être, nous ne pouvions pas sélectionner nos étudiants en plein mois de juillet
Nos étudiants devaient donc être de « mauvais » dossiers, ce qui devait éloigner de WeiD les bons dossiers et profils,
Donc les résultats seraient inévitablement mauvais,
À l’inverse, le procès d’intention a également été que nous serions exclusivement « élitistes »,
Ou encore que nous n’allions pas être viables financièrement.
Je ne m’attarde pas ici sur les barrières à l’entrée structurante de ce marché (l’Education supérieure) :
L’impossibilité de pouvoir prétendre à certaines accréditations si on n’est pas déjà là depuis 5 ans
La connivence de certaines Ecoles avec des Médias
L’inertie (intergénérationnelle) dans la structuration des parcours et des études (i.e. faire les mêmes études que papa-maman)
Alors que faire ? Quelle était notre stratégie ? Quelle allait être notre tactique ?
Notre stratégie : conserver ce qui mérite de l’être, inventer ce qui doit l’être.
Avons-nous même formalisé cette stratégie ? Non.
C’est d’ailleurs l’une des raisons qui m’a poussé à commencer cette infolettre. Formaliser quelque peu ce que nous faisons au quotidien. Améliorer la manière dont nous prenons les décisions en développant le regard autocritique que je peux porter sur nous.
III. Quelle(s) solution(s) ?
Pour faire face à ces barrières à l’entrée, nous avons opté pour une solution très simple.
Revenir à ce qui a toujours guidé le projet : la qualité éducative.
Donc la qualité et l’engagement du corps professoral autour de valeurs communes :
la valorisation d’un métier/art souvent discrédité en France,
la valorisation de formations intenses, responsables et responsabilisantes : nous ne croyons pas aux idées véhiculées sur la plus faible appétence au travail, des jeunes générations, au renoncement à l’effort d’acquisition de connaissance, à la survalorisation de l’éloquence...
la valorisation d’un état d’esprit spécifique (et d’un nom – WeiD – qui va avec) : l’implication individuelle et sociétale.
Idéalisme ? Peut-être... Mais c’est ce qui a permis d’attirer les ressources humaines qui demeurent dans ce domaine le fondement de la légitimité (le thème du mémoire en question).
Des professeurs qui préfèrent enseigner que publier, faire connaître plutôt que se faire connaître. Qui se voient rapidement proposer d’être actionnaires du projet.
Résultat : en deux ans, créer une légitimité et un nom qui commence à faire parler de lui dans le paysage éducatif.
Idéalisme toujours : non pas répliquer mais élargir cet état d’esprit aux sportifs et artistes dont l’abnégation, la résilience, le besoin d’intensité pour ne pas dire d’adrénaline est élevé. Cela donne WeiD Talents. Cela naît d’une idée, d’un travail sur une plaquette et des éléments de langage sincères et d’une stratégie de communication à peu de frais davantage fondée sur le sens, les mots et l’image réelle que sur des vecteurs traditionnels mais ne transigeant pas avec les valeurs partagées.
En termes tactiques, WeiD, c’est aussi apprendre à ne pas paniquer :
ni concernant la levée de fonds : peu de fonds levés, très rapidement, auprès d’actionnaires moins convaincus par le projet que par la détermination,
ni concernant l’immobilier : un nœud gordien du projet car WeiD a perdu les locaux initialement prévus en 48h et aurait pu ne pas ouvrir, sans l’inflexibilité et la crainte suscitée par la réaction au cœur de la tourmente,
ni concernant les erreurs de recrutement : notamment quelques professeurs confondant diplômes avec rente de situation (situation réglée en quelques semaines).
Au-delà de la stratégie et de la tactique, un objectif ou mieux un rêve partagé sur lequel se base le recrutement, des stagiaires comme des professeurs : l’objectif d’être, en tant qu’entreprise, un acteur durable et rentable (1) ET d’être un acteur dans la « cité », la société, défendant des valeurs d’équité sociale et d’efficacité éducative (2) ?
2. Les accomplissements
But de cette section : mettre en exergue deux points d’étape (succès, simples avancées ou échecs) ayant eu lieu dans les 15 derniers jours.
1. Soutenance publique du Master PIC (mon master 2)
Comme je vous l’évoquais en début de cette édition je suis actuellement en train de rentrer - avec François avec qui je coécris cela - dans la phase finale de la rédaction du mémoire. Le mémoire porte sur les sujets inhérents à ce que nous vivons chez WeiD. C’est une grande chance d’être dans cette position si particulière de l’entrepreneur-chercheur.
Le sujet du mémoire est le suivant : quels sont les facteurs de construction d’une légitimité pour une Ecole dans un environnement concurrentiel compétitif ?
Nous avons, jeudi dernier, présenté notre “soutenance publique” à Louis-Le-Grand : une sorte de pitch explicatif de l’intérêt de notre sujet de recherche.
Je vous tiens bien évidemment au courant des avancées de la rédaction du mémoire ici. Peut-être même que je partagerai de manière publique son contenu sur cette infolettre.
2. Certification pour WeiD School Talents
Délivrer un diplôme et rentrer dans le rang ou ne se targuer de ne délivrer uniquement des compétences (comme L’Ecole 42 ou la classe préparatoire) ?
Nous nous sommes longtemps posé la question et avons fini par trancher : pour notre Ecole les étudiants, ayant déjà des doubles projets (sportifs ou artistiques), doivent sortir avec un diplôme reconnu pas l’Etat. Une forme d’assurance dont il est dur de se passer aujourd’hui.
Au sein de WeiD, c’est moi qui avait le lead sur ces sujets de certifications et c’est après un vrai chemin de croix administratif et bureaucratique que je suis très heureux de vous annoncer que c’est désormais chose faite. Youhou !
Cette certification nous permet surtout de retourner auprès de certains potentiels partenaires qui conditionnaient son obtention finale pour établir les différentes conventions.
J’en suis absolument ravi. Je pense que ce “repos administratif” ne sera que de courte durée si nous voulons mettre à exécution nos autres projets… Affaire à suivre après l’été !
3. Les recommandations
But de cette section : parler de nous c’est bien, mais c’est aussi super appréciable de vous parler de ce qu’il se fait ailleurs. Education, IA, culture, livres… Aucune thématique précise dans cette section mais simplement quelques recommandations personnelles. Business ou non. Elles me font avancer dans ma réflexion (le but de cette infolettre est de devenir grand). J’espère qu’elles vous seront également utiles :)
The state of the culture, 2024. Une thèse que j’ai trouvée super intéressante. Il y a des gens qui font de l’art, mais ce n’est pas facile de trouver de l’audience. D’autres font du divertissement, qui est une forme d’art, mais qui a vocation à plaire à l’audience. Donc le divertissement, qui est devenu une industrie, dévore l’art. Sauf que l’industrie du divertissement (séries, films) est en crise car elle est remplacée par le modèle de la distraction. Les applications type Tiktok, ou les Reels des autres applications (Youtube, Facebook, etc.) qui dérive doucement vers le modèle de l’addiction, qui repose sur le phénomène de la dopamine. Cette mise en perspective Art -> Divertissement -> Distraction -> Addiction. Sauf qu’à force de scroller, on arrive à une overdose de dopamine qui mène à un état appelé Anhédonie, “l’incapacité d’un sujet à ressentir des émotions positives lors de situations de vie pourtant considérées antérieurement comme plaisantes.” Et non, ça n’est pas une bonne nouvelle pour la qualité de la culture. Ou de la société.
Également un autre article (assez long) mais très instructif écrit par Nicolas Colin (un des cofondateurs de The Family - l’incubateur au milieu du scandale avec Oussama Amar) sur les différentes étapes de la disruption dans un secteur. “A chacune des cinq étapes de la transition numérique d’une filière, il y a de bonnes raisons de se dire “jusqu’ici, tout va bien”. J’en retiens particulièrement l’analyse qu’il fait sur les évolutions des rapports de force internes aux filières (les métiers restant sensiblement les mêmes)
J’ai terminé ce week-end un livre assez particulier. Pas vraiment le genre “grande littérature” mais il m’a laissé une impression finalement assez forte. C’est le livre Survivant des Glaces de l’aventurier Mike Horn. Ce libre raconte son expédition Pole2pole, et en particulier sa traversée sans assistance du pôle Nord : 90 jours dans le noir sur la banquise à faire 30 km par jour… Je m’attendais à un livre de bourrin du type “quand on veut on peut”. Mais pas du tout. Des passages très poétiques et qui - je trouve - portaient à la réflexion quant au sens que chacun veut donner à sa vie.
PS : Veuillez m’excuser par avance pour les typos, mots oubliés, etc. Officiellement elles sont volontaires pour voir si vous lisez bien eheh. Officieusement vous pourrez vous dire que je ne me suis tout simplement pas relu et que certaines sont passées entre les mailles de notre ami GPT4. J’ai gardé une mauvaise habitude de classe préparatoire : ne jamais me relire à la fin (mais pas un mot aux étudiants de WeiD 🤭)
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Bises et bon début de semaine !